C'est quoi la différence entre pansexualité et bisexualité ?

Pas d'orientation, juste des vibes.

Ayant désactivé mon compte Insta principal pour une durée indéterminée, j’ai envie d’archiver certains de mes posts notables ici. Si tu me suivais pas là-bas, peut-être tu vas les lire pour la première fois. Sinon, c’est probablement une chouette occasion de les redécouvrir. Bonne lecture !

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Quand j’ai fait ce post sur Insta c’était la journée de la visibilité pansexuelle / panromantique et j’ai très vu passer des définitions qui me dérangeaient beaucoup, soit parce qu’elles font passer les personnes pan- pour des personnes qui seraient gender-blind¹ ou alors parce qu’elles font passer les personnes bi- pour des transphobes attirées par la binarité. Et j’estime qu’on peut prétendre à un peu plus qu’à des définitions dépolitisantes ou qui perpétuent des stéréotypes discriminants.

Comme l’indique le préfixe pan- qui signifie « tous, » les personnes pansexuelles sont attirées par des personnes de tous genres. Mais il est complètement illusoire de penser qu’il est possible d’avoir une attirance indépendante du genre des personnes. « Je ne fais pas attention au genre des personnes qui m’attirent » est une explication simpliste qui ne fait que refléter l’absence de conscience d’à quel point le genre est un concept hégémonique dans notre société et façonne chacune de nos expériences au même titre que n’importe quel système de domination tel que la race, la classe économique, le handicap, etc.

Parfois, pour démarquer la pansexualité de la bisexualité, on peut aussi entendre que comme pan- veut dire « tous » et bi- veut dire « deux, » les personnes bisexuelles seraient attirées uniquement par les genres binaires alors que les personnes pan- seraient intrinsèquement plus progressistes, car elles seraient également attirées par la non-binarité. Dépeindre la bisexualité comme étant transphobe pour signaler autour de soi qu’on est moralement supérieur⋅e ça n’est pas très cool. C’est même carrément biphobe.

La définition communément admise de la bisexualité étant de désigner une personne ayant des attirances homosexuelles et des attirances hétérosexuelles, on voit bien que rien n’empêche une personne bi d’être attirée par quelqu’un de non-binaire.

Ces explications répondent à un besoin de trouver à tout prix des justifications quant à l’existence conjointe de ces deux termes, quitte à verser dans la biphobie, la transphobie ou l’aveuglement au genre. Ce qui s’inscrit complètement dans la tendance à l’hyper-catégorisation et à la multiplication de micro-labels qu’on trouve aussi dans d’autres branches des luttes sociales lorsqu’elles sont particulièrement vulnérables à la dépolitisation libérale.

Bisexualité et pansexualité sont des synonymes qui désignent tous deux le fait d’être attiré⋅e par des personnes de genres différents. Ils ont fait leur apparition et leur usage s’est répandu à des périodes différentes et dans des milieux différents. Le terme bisexuel⋅le a été popularisé dans les milieux LGBT états-uniens dans les années 70, alors que le terme pansexuel⋅le émerge plutôt dans les années 80 pour être popularisé dans les années 90s au sein des milieux BDSM.

Depuis, ils existent en parallèle, même si l’ancienneté du terme « bi » explique le fait qu’il soit aussi plus répandu. Leurs définitions sont, depuis toujours, tellement similaires que chercher à leur trouver un sens différent ne peut que donner lieux aux débats interminables qu’on connait et qui finissent par tomber dans une course au progressisme de façade.

Pour conclure, utilisez bien le terme que vous voulez, mais gardez à l’esprit que vous n’avez pas besoin de faire passer les autres pour des réac’ avec des définitions fumeuses dans le but de vous légitimer. Si personne n’arrive à tomber d’accord sur ce qu’il y a de différent entre bi-, pan-, omni-, ou polysexuel c’est parce que leur sens est identique et que les gens vibent juste plus ou moins avec l’un ou l’autre de ces termes.

1. Gender-blind : Aveugle au genre, qui ne voit pas le genre des personnes avec qui iels relationnent.