Représentations génitales
Ayant désactivé mon compte Insta principal pour une durée indéterminée, j’ai envie d’archiver certains de mes posts notables ici. Si tu me suivais pas là-bas, peut-être tu vas les lire pour la première fois. Sinon, c’est probablement une chouette occasion de les redécouvrir. Bonne lecture !
J’en ai déja parlé plusieurs fois en stories Insta, parfois en réaction à des posts, parfois en réaction à la vie, parfois juste parce qu’une réflexion my a fait penser. Aujourd’hui je vais donc aborder l’omniprésence des vulves dans l’imagerie féministe et gouine.
Je crois que c’est pas la peine d’argumenter que les vulves et les clitos sont partout dans nos luttes, c’est assez flagrant. Par contre cette ubiquité n’est quasiment jamais interrogée et ses remises en question sont systématiquement reçues avec, au mieux de la circonspection, au pire de l’hostilité.
Ça n’aide pas que les seules (ou presque) à le faire ouvertement sont les personnes qui sont le plus directement impactées par ça : Les meufs trans. Et des personnes qu’on soupçonne déjà d’être des hommes infiltrés qui critiquent l’affichage de « L’Organe Du Plaisir Féminin™ » c’est louche.
Pourtant, avant de devenir un vieux pou transphobe, Christine Delphy expliquait que c’est le genre qui crée le sexe. Et que le patriarcat s’appliquait à masquer cet artifice pour naturaliser la division sexuée et justifier l’oppression. Sans lui, la forme de nos organes génitaux n’ont pas plus de signification que la forme de nos oreilles ou de notre nez.
La prégnance de l’imagerie des vulves et du clitoris chez les féministes et les lesbiennes produit exactement ce dont le patriarcat a besoin pour exister : L’association indivisible entre genre et appareil génital.
Un argument qui revient souvent pour justifier l’usage persistant de cette imagerie est la nécéssité de déstigmatisation d’organes considéré honteux par la société. Se défaire de sa honte passerait alors par une exaltation sans borne et sans tenir compte de l’essentialisation provoquée au passage.
Je crois pour ma part que cet argument repose sur un ressort d’égalité et pas d’abolition, sur un mode similaire au féminisme capitaliste qui voudrait la parité chez les flics, au gouvernement ou encore à la tête des entreprises.
À se répéter que les « femmevulves » valent autant, voire mieux, que les « hommepénis » on en oublie que les catégories homme / femme n’existent que pour justifier l’exploitation des unes par les autres et que l’objectif d’égalité n’est même pas souhaitable, car insensé.
Wittig aussi, dans Les Guérrillères imagine que l’on arrive à se détacher de ces imageries :
Elles disent qu’elles appréhendent leurs corps dans leur totalité. Elles disent qu’elles ne privilégient pas telle de ses parties sous prétexte qu’elle a été jadis l’objet d’un interdit.
Nos organes génitaux ne disent rien de qui nous sommes et de notre rapport au monde. C’est la manière dont on est ou dont on a été perçu⋅es par la société qui détermine notre expérience passée ou continue de la domination patriarcale. Et nous resteront piégé⋅es tant que nous ne fabriquerons pas, entre autre, de nouvelles représentations et un nouvel imaginaire basé sur l’insignifiance des différences génitales.
FIN.
Merci d’avoir assisté à mon TEDTalk et évite de te définir en tant qu’individu⋅e exactement comme le patriarcat le fait déjà.