Mixité « Queer » / Mixité choisie sans homme cis
Ayant désactivé mon compte Insta principal pour une durée indéterminée, j’ai envie d’archiver certains de mes posts notables ici. Si tu me suivais pas là-bas, peut-être tu vas les lire pour la première fois. Sinon, c’est probablement une chouette occasion de les redécouvrir. Bonne lecture !
La « mixité choisie sans hommes cis » c’est quelque chose d’assez récent et qui pourtant s’est répandu comme une traînée de poudre dans les milieux féministes en même temps que le féminisme hétéro a largement absorbé un féminisme qui se dit « queer. » Au point que ce qu’on appelle « non-mixité queer » se fait maintenant sans les hommes gays, mais avec les femmes hétéros.
De manière parallèle, on a vu l’apparition puis la généralisation des expressions « personne afab », « socialisation féminine/afab » et « personne sexisée » pour désigner des catégories de personnes qui sont établies comme étant les vraies victimes du patriarcat, en vertu de leur assignation à la naissance ; donc au motif « naturel » qu’elles possèdent une vulve.
Je ne veux pas particulièrement ré-expliquer en détail ce néo-essentialisme qui ne fait que mettre une couche de vernis « fières, fortes, féministes et radicales et en colère » à ce que les TERFs répètent à l’envie et dont de nombreuses personnes, queers inclus, sont convaincues : Les vraies victimes seraient les personnes qui ont une vulve et les pénis seraient des armes de destruction massive.
C’est sur ce principe que fonctionne la non-mixité sans hommes cis. Elle divise la classe des hommes en deux : Les hommes problématiques et les hommes acceptables, et elle le fait en se basant sur le critère prétendument « naturel » qu’est la présence ou l’absence d’un certain organe. Le pénis est l’ennemi et la vulve rend son porteur automatiquement digne de confiance, « safe. »
L’enjeu n’est plus de déterminer quelles sont les discriminations que subissent les personnes qui pourraient être concernées par les revendications d’un tel rassemblement, mais de célébrer la possession d’une vulve et de déterminer si la personne qu’on soupçonne d’être affublée d’un pénis saura se montrer suffisamment docile pour servir de faire valoir ou pourra être facilement expulsée si elle ne se conforme pas aux convenances (si on la laisse entrer en premier lieu.)
Les personnes affectées par la transmisogynie, qui subissent une combinaison de sexisme et de transphobie, se retrouvent alors à constamment devoir justifier leur existence, à faire valoir leur légitimité à revendiquer des droits, ainsi qu’à être présentes dans un tel lieu alors même que des hommes qui peuvent tout autant tirer parti du sexisme que leurs camarades cisgenres ou que des femmes qui peuvent faire preuve de l’homophobie la plus crasse sont automatiquement accueilli⋅es à bras ouverts par la simple vertu d’avoir les « bons » organes génitaux.
La non-mixité choisie sans hommes cis ne fait finalement que mettre en exergue la transmisogynie à peine masquée au sein même des mouvements féministes et queers. Elle impose aux personnes affectées par la transmisogynie de se conformer à des standards cissexistes et au regard de personnes qui s’arrogeront le droit de décider si elles sont « suffisamment trans » ou si leur « socialisation masculine » est encore trop présente.