Éviter la propagation des rumeurs pétées dans la « commu queer »
Ayant désactivé mon compte Insta principal pour une durée indéterminée, j’ai envie d’archiver certains de mes posts notables ici. Si tu me suivais pas là-bas, peut-être tu vas les lire pour la première fois. Sinon, c’est probablement une chouette occasion de les redécouvrir. Bonne lecture !
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Rumeurs et call-out ça marche main dans la main. On peut dire littéralement ce qu'on veut à propos d'une personne qui a subi un call-out et tout le monde vous prendra au mot, car une personne call-out est complètement déshumanisée. Et inversement, la propagation de rumeurs déshumanise la personne qui en est la cible, ce qui facilite les call-outs à son encontre. Donc il faut repenser nos manières de parler entre nous des conflits et des agressions, et il ne faut pas oublier que ça n'arrive pas qu'aux autres.
C’est pour ça qu’aujourd’hui, j’ai envie de faire un petit guide non exhaustif pour éviter la propagation de rumeurs pétées sur les gens dans la « commu queer » (qui n’a pas grand-chose d’une communauté si on veut être honnête.) Entre l’obligation morale de propager tout ce qui ressemble de près ou de loin à un call-out et, on ne va pas se mentir, le goût du gossip, partager à tout bout de champs des trucs qui nous regardent pas et ont été mille fois déformés, ça fait du dégât quand c’est pris au sérieux. Et par « ça fait du dégât » je veux dire que ça réduit nos possibilités de faire communauté, justement, au néant.
Voilà donc quelques questions utiles à se poser quand on entend quelque chose à propos de quelqu’un :
En premier lieu, on peut se demander « En quoi ça me concerne ? » Est-ce qu’on connaît les personnes impliquées ? À quel point on les connaît ? Qu’est-ce qu’on sait de leurs relations avant ça ? Parce que si ces gens sont juste des \@ sur internet ou seulement des vagues connaissances, même si c’est des gens « connus » dans le milieu, pourquoi on parle d’elleux en fait ?
Ensuite, on peut questionner les intérêts personnels et l’implication de la personne qui a amené le sujet. À quel point cette personne est proche de la situation ou pas ? Est-ce qu’elle se présente comme victime de quelque chose ? Comme témoin ? De quels actes il s’agit ? Pourquoi on parlerait de ce que font des personnes qu’on a fait que croiser sans avoir rien d’autre que des informations vagues ?
Enfin, on peut se demander dans quelle optique le sujet est évoqué. Si c’est pour illustrer une théorie et se demander ce qu’on ferait dans telle ou telle situation, pourquoi ça ne serait pas anonymisé ? Si c’est pour « protéger les victimes » est-on bien sûr⋅es que c’est ce qu’elles attendent ? De plus, comment on peut protéger quelqu’un qu’on ne connait pas, ou seulement de vue, ou qui est anonyme ? Basiquement, qu’est-ce qui est attendu de nous avec ces informations ?
Une fois que ces trucs sont éclaircis, on y voit beaucoup plus clair pour savoir où on se place par rapport à ça. Et généralement, à cause de la manière dont tout ça fonctionne, propos rapportés, victime⋅s anonyme⋅s ou hors de notre cercle social, actes vagues ou inconnus, accusé⋅e hors de notre cercle social, la réponse appropriée sera « En fait, ça me regarde pas. » ou, à la rigueur « Tu sembles avoir un vrai besoin d’être entendu⋅e donc je vais t’écouter, mais ça n’ira pas plus loin. »